dimanche 23 juin 2013

Le Mythe de la perfection

Jamais nous nous sommes autant bercés par l'illusion de la perfection comme en ces années-ci. Nos médias sont remplis d'articles et de chroniques sur les records, les sommets ou les nouvelles frontières que l'Homme vient d'atteindre.

Et jamais je n'ai vu autant de misères, de souffrances et de solitudes que dans la vie quotidienne.

L'écart entre nos illusions et notre réalité est ahurissante. Cela explique sans doute l'amertume qui nous habite.

Je vous cite un vieil extrait tiré de la préface de Henry Miller à son roman Tropique du Capricorne.  Ce qu'il a dit dans ces lignes - en 1972, alors qu'il venait de passer le cap de ses 80 ans - est toujours aussi vrai aujourd'hui. L'Homme trébuche constamment sur le fantasme de la perfection au lieu de se contenter d'être seulement lui-même. Être soi-même, en fait, est un véritable miracle. Pourquoi demander davantage?

Ce qui m'a amené à cet extrait, c'est après avoir vu quelques minutes d'un documentaire sur la supercherie de Lance Armstrong. La dope qu'il a prise pour gagner de prestigieux titres en cyclisme pendant les années de ses succès continus. Et Dieu sait  à quel point on nous l'a présenté comme un exemple à suivre.

J'irais plus loin: quand bien même il n'aurait pas été dopé, je me demande s'il aurait dû être présenté comme un modèle à suivre. J'en doute. La perfection au prix de la douleur extrême, cela relève du ridicule.

Voilà ce qu'en disait sagement Henry Miller:
Pour que l'on comprenne bien ce que j'entends par cette simplicité, je dirai encore ceci: nous ne vivons pas à coups de chef-d'oeuvre, ni à travers des chefs-d'oeuvre, ni à cause de chefs-d'oeuvre. Nous sommes beaucoup plus chargés de sens lorsque nous babillons comme l'enfant que lorsque nous nous comportons en  monstres d'intelligence. Nous n'avons plus besoin des exercices de gymnastique qu'exige la fréquentation  des chefs-d'oeuvre. Il y a beau temps que les maîtres eux-mêmes y ont renoncé; beau temps qu'ils se sont envolés de la cage. Mais nous, idiots que nous sommes, nous nous entêtons à ramper dans la coquille vide, comme de pauvres escargots perdus et abandonnés.

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dimanche 16 juin 2013

Mick Jagger

Alors que je me baladais dans le Vieux-Montréal, j'aperçus un attroupement de badauds près d'une entrée de l'hôtel Le St-James.

Il ne m'a pas tardé d'apprendre que les Rollings Stones étaient en ville.

J'avais un équipement photo mais ce n'en était pas un doté de l'auto-focus, une caractéristique pour le moins utile dans une situation aussi fébrile et tumultueuse, d'autant plus que la foule était mise à distance par un service de sécurité.

Je fis donc le pied de grue devant l'hôtel en compagnie d'une centaine de personnes et curieux. En effet, le bruit courait que les Stones allaient sortir d'un moment à l'autre. Ma première expérience de papparazzi allait donc avoir lieu.

Si l'attente a duré au moins 40 minutes, la sortie s'est effectuée en quelques secondes. J'ai obtenu deux poses de Mick Jagger dans la mini-bousculade qui a eu lieu.



Nikon FE2
Tamron SP adaptall2 80-210mm (f3,8)
Arista Premium 100 poussé à 400
Kodak D-76 1:1 (18min 21C)
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mercredi 12 juin 2013

Harper Inn

Cette vidéo de Rock & Belles Oreilles remonte à au moins 5 ans - sinon plus - et avait été diffusée dans le cadre d'un Bye Bye.

En la regardant, je me rends compte qu'elle n'a pas vieilli d'une ride. Ce que RBO voyait dans le gouvernement Harper est toujours vrai aujourd'hui. Trop vrai même.

Constatez par vous-même!



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dimanche 9 juin 2013

Boxcar Bertha

Boxcar Bertha a été une hobo, c'est-à-dire une femme qui évoluait en marge de la société américaine et qui vivait d'expédients, et comme tous ses semblables, elle déplaçait principalement à bord des trains d'un bout à l'autre du continent. De cette manière, elle a rencontré d'autres gens ayant le même mode de vie, ce qui lui a permis d'explorer ce monde vivant en parallèle du mainstream. Douée d'une intelligence vive, elle avait le potentiel pour comprendre son milieu et en faire un témoignage authentique. C'est d'autant plus vraie qu'elle est elle-même née d'une mère hobo !

Vers la fin de sa vie, Boxcar Bertha - dont le véritable nom est Bertha Thompson - a rencontré Ben Reitman, un médecin voué à la cause des malades des quartiers pauvres de Chicago. C'est son histoire, celle de Boxcar, qui aura inspiré l'idée d'écrire sa biographie à partir de ses confidences sous le titre de Sister of the Road: the autobiography of Boxcar Bertha. En français, cet ouvrage a été publié dans la collection 10/18 sous le titre de Boxcar Bertha.

J'ai été étonné par le portrait de l'Amérique du début du XXe siècle, tant le climat social se démarque de celui dont on est témoin aujourd'hui, celui du désenchantement contemporain. À cette époque, selon les propos de Boxcar, les Américains opprimés étaient capables de contestation et d'une pensée politique. Ils organisaient des mouvements indépendants d'entraide pour l'éducation, la nourriture et le logement. Au milieu de tout cela se croisait aussi des voleurs à la tire, des prostituées, des drogués, des paumés, des handicapés, bref tout ce qui n'appartenait pas à la société américaine courante. Malheureusement, malgré ces organisations, la tradition d'entraide et de soutien ne semble pas avoir traversé les décennies, si on regarde l'individualisme forcené des Américains. Il aura sans doute fallu de longues années de répressions policières et d'une pensée politique rétrograde pour en arriver là, comme en font foi les pages de l'Histoire récente.

Quelques extraits pour illustrer les propos éclairants de Boxcar Bertha:

[Sur les hobos]
Elles acceptaient sans ressentiment le fait d'être des produits du "système", de cette société qui vous embauche et vous débauche, de cette société ou les propriétaires doivent toucher leurs loyers. Seules quelques-unes n'avaient, à mon instar,  pas besoin de l'endroit - des vagabondes qui ne faisaient que passer.

[Sur la démocratie]
Qui peut rester tranquille, pacifique en se contentant de voter? Même aujourd'hui, dans cette sinistre période de crise, tout ce que nous tirons du chaos c'est de voir les riches devenir toujours plus riches, puissants et arrogants et la masse des pauvres devenir plus soumise et s'accommoder de force d'un niveau de vie plus bas! Le seul espoir, c'est de voir des migrants refuser ce qu'on leur donne. Toi et les gens de ta trempe, vous êtes les derniers en Amérique qui aient encore une vraie notion de la liberté.

[Puissance du capitalisme]
"Plus j'en apprends sur le chômage, plus il y a de chômeurs. Plus je contribue aux causes antiguerre, plus il y a de guerres. Plus il y a de diplômés et de professeurs, plus il y a d'incertitude. Plus nous connaissons les incohérences et les injustices du capitalisme, plus il devient puissant." (Lowell Schroeder)

[Fatalité du capitalisme]
"Je croyais que je voulais être une missionnaire pour les hobos. Je m'aperçois maintenant qu'en dehors de les nourrir et les vêtir, on ne peut rien faire de valable sans transformer le système économique. Or, actuellement, ce cher grand public plébiscite le système capitaliste. J'espère que ce ne sera pas toujours ainsi. Ensuite, j'ai voulu aider les travailleurs sociaux et les spécialistes des sciences sociales. Mais plus J'enquête, plus je suis convaincue qu'ils ne sont que des instruments ignorants et manipulés par un système puissant." (Boxcar Bertha)

Boxcar Bertha. Ben Reitman. Éditions Christian Bourgois, Collection 10/18,  no.2760

dimanche 2 juin 2013

La loi des séries [loi de Murphy]


Un bel exemple de la loi de Murphy.

Je renouvelle mon abonnement du réseau de transport public, aussi je me dirige vers les guichets à cet effet.

- Bien entendu, il y a 3 guichets et les 3 sont utilisés simultanément (pas 4, par 5, pas 2 mais exactement TROIS);
- Bien entendu, il n'y a aucun utilisateur qui s'apprête à terminer sa transaction parce qu'ils viennent tous de commencer les opérations sur le clavier des guichets;
- Un guichet automatique finit par se libérer après un temps incroyablement long, comme si les opérations du guichet relevaient d'une science complexe;
- Mon renouvellement s'effectue apparemment sans problème, sauf que je ne réussis pas à obtenir un reçu;
- Je me dirige vers le guichet occupé par un humain, ce dernier étant là quand le guichet robot ne répond plus;
- La guichetière me dit que la transaction n'a pas été effectuée, c'est pour cela que je n'ai pas eu de reçu. À travers ses explications, je comprends que j'ai raté une séquence des opérations;
- Retour aux guichets robots, sauf qu'il y a maintenant une file d'attente;
- En attendant ma place au guichet, j'entends un message sonore des autorités de transports: " La ligne orange est actuellement en panne. De retour à la normale dans une demi-heure";
- Devant mon clavier de guichet, finalement, je recommence les opérations et enfin j'obtiens mon reçu;
- Je décide d'appeler au service à la clientèle de ma banque pour m'assurer qu'il n'y a pas eu dédoublement de la dernière opération bancaire;

Après quelques messages de robot et un échange avec un préposé humain, je reçois l'assurance qu'il n'y a pas de pépin de ce côté-là non plus.

Vous savez quoi? Je n'ai pas pris le métro, juste pour ne pas tenter le diable...

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